Nocturne en do dièse mineur, B.49

Le manuscrit de ce nocturne à longtemps à longtemps échappé à la curiosité des éditeurs. Il faisait partie de la collection d'un amateur polonais, dont le fils ne l'a extrait qu'en 1895 aux fins d'impressions. L'évidente parenté d'écriture pianistique dont il témoigne au regard du Nocturne doté, à titre posthume, du n° d'oeuvre 72, permet d'en situer la composition à la même époque que celle assignée à celui-ci, soit environ 1827. La dédicace "à sa soeur" confirme cette hypothèse, en accordant à cette page un caractère de mélancolique et juvénile confidence. Il est assez curieux au reste de pouvoir identifier dans la partir médiane du morceau, quoique avec un rythme différent, l’exacte préfiguration du contour mélodique dont s'inspirera le Final du Concerto en fa mineur, qui devient dans le Concerto et paré d'une vive cadence.

Ces analogies déterminent avec évidence l'antériorité de l'esquisse demeurée inédite par rapport à la composition du Concerto, qui, on le sait, remonte à 1829.

Et les emprunts que Chopin s'y consent à lui-même, au bénéfice de sa première oeuvre d'importance, témoignent d'une dilection dont il convient de ne pas négliger la signification en abordant l'étude de ce Nocturne.

Etude aisée, au demeurant ; nulle difficulté d'ordre technique ne venant s'interposer entre l'énoncé de la longue phrase mélodique qui lui sert d'argument fondamental, et sa traduction instrumentale, essentiellement tributaire du caractère pathétique des chantantes sonorités.

On veillera à la parfaite égalité des gammes finales, dont les frisonnants murmures insinuent dans cette touchante improvisation comme une suggestion de bruits d'ailes effarouchés, furtivement dispersées dans le soir crépusculaire.

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